Arthur Heulhard a été un des principaux et des plus fidèles collaborateurs de lArt et du Courrier de lArt où il écrira plus de 450 critiques dramatiques au cours de huit années consécutives, sans compter les articles quil a publiés dans de nombreux autres journaux ou revues. Des lettres de ses correspondants nous permettent davoir la certitude quil est recherché par les directeurs de journaux pour la qualité de sa plume, et son indépendance desprit.
Heulhard compose ses critiques théâtrales en ne respectant pas strictement la structure du feuilleton dramatique. Il aborde toutes les facettes des oeuvres représentées, mais à sa manière, il renonce parfois à faire un résumé de lintrigue parce quil considère quelle nen vaut pas la peine ou quelle est trop connue de tous. Il prononce parfois un jugement avant davoir procédé à lanalyse et au récit. Il signale volontiers le nom des décorateurs lorsque les décors lont impressionné ; il regrette quon ne fasse pas, à ces artistes, une place suffisamment grande. Ces artistes de talent sauvent parfois une pièce médiocre. On le sent libre et sa critique est celle dun écrivain. Il nest contraint que par lespace qui lui est réservé et dont il nest pas maître.
Heulhard suit sa seule volonté décrire comme il lentend. Il semble parfois se positionner à mi-chemin entre le feuilleton traditionnel et la chronique. Ce que lon peut retenir de ces compte-rendus cest quils ont traversé le siècle et gardé un grand intérêt pour nos contemporains. Son style et son humour y ont largement contribué.
Il nécrit pas pour le théâtre et ses critiques ne sont jamais complaisantes. Ainsi que nous le constatons dans ses articles, il nhésite pas à critiquer sévèrement des pièces écrites par certains de ses amis, il en va de même pour les interprètes quil admire mais quil nhésite pas à blâmer sil considère quils ont été médiocres. Paul Leroi dans sa critique de Bravos et Sifflets, à propos de larticle «Renan à lAcadémie», écrivait : «...le scalpel à la main, une main qui ne tremble jamais, il dissèque impitoyablement léloquence académique de M. Renan ; on ne rêve pas exécution plus fouillée, mise à nu plus radicale du boursouflé, du faux et du contradictoire : cest sans réplique.»
Quel que soit le journal pour lequel il travaille, Heulhard reste indépendant et courageux. Il ne brigue pas de direction de théâtre et nest pas dramaturge, on ne peut guère suggérer quil y a conflit dintérêt entre ses diverses professions. Il mène parallèlement une carrière décrivain de journaliste, de critique musical et théâtral. Il est apprécié par nombre de ses collaborateurs pour cette qualité mais certainement est-il également redouté. On peut néanmoins avancer que sa situation de critique émérite lui permit détendre sa notoriété décrivain. Il semble que ce soit plutôt dans le domaine musical que sa célébrité lui donna un certain pouvoir.
Dans larticle la Critique nouvelle, il exprime ainsi son opinion sur la liberté de blâmer : « Je ne sais rien de plus préjudiciable aux arts que ces éloges banals qui ressemblent à lindifférence. Un artiste sadresse au public : sil se trompe, il faut le lui dire sans injure, mais aussi sans faiblesse. Un honnête homme a le malheur de faire un mauvais livre ; cest un début ; nest-il pas juste de lui laisser entendre quon ne court aucun risque à se taire et quil est dangereux de parler ? Sil sagit dun écrivain célèbre, la vérité est presque une bonne action ; la critique qui singénie à défendre ses oreilles des observations malicieuses du public ressemble au médecin qui tue ses malades à force de complaisances. Il ny a ni dignité, ni considération possibles pour la critique qui désarme volontairement. Si lon nous injurie, tant mieux ! cest preuve que nous avons touché juste ; si un auteur sirrite de quelques réflexions piquantes sur son style, cest parce quil se sent frappé au défaut de la cuirasse ; il importe assez peu quil nous reproche décrire plus mal encore ; ce nest pas de notre style quil sagit, mais du sien... »
Heulhard fut cet écrivain qui écrivit avec talent pour la critique théâtrale et musicale. Son goût et sa grande connaissance des arts en firent un témoin remarquable de son temps. Paul Leroi parlait de sa critique en la qualifiant de « droite, franche, savante et spirituelle ». Cest pour ses qualités décrivain et son avis toujours très avisé sur le théâtre, les dramaturges, les mises en scène, que ses articles nous intéressent et nous enchantent encore.
Ici on peut télécharger l'intégralité des articles (182 pages) d'Heulhard publiés dans l'Art de 1880 à 1887:
Ici on peut télécharger l'intégralité des articles (781 pages) d'Heulhard publiés dans le Courrier de l'Art de 1882 à 1889:
Ici on peut télécharger l'intégralité des articles d'Heulhard publiés dans La Vérité:
Pour donner aux lecteurs une idée de la qualité et de l'intérêt des articles nous avons fait une sélection des plus représentatifs que vous pouvez télécharger ici :
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